Accueil
L'Institut de la Mémoire Européenne
Ecclesiologie Orthodoxe et Nationalisme en Roumanie
Olivier GILLET
Au lendemain de la chute du rideau de fer, les Eglises de l'Est,
et plus particulièrement les Eglises orthodoxes, ont été accusées
de collaboration avec les régimes communistes et de contribuer
au retour des nationalismes. Si l'on constate que toutes les Eglises,
quelles que soient les confessions, ont collaboré avec des régimes
totalitaires au cours de l'histoire contemporaine - ou ont montré
pour le moins une certaine passivité et soumission face à ces
régimes -, il est néanmoins intéressant de mettre en lumière les
spécificités des Eglises orthodoxes contemporaines à ce point
de vue1 .
L'ecclésiologie permet incontestablement de comprendre les spécificités
et les comportements des Eglises « nationales » orthodoxes dans
les sociétés balkaniques où elles sont dominantes : en Roumanie,
en Bulgarie, en Grèce et dans les pays orthodoxes de l'ex-Yougoslavie.
Le cas roumain constitue un exemple particulièrement intéressant
en raison de sa situation au carrefour de différentes traditions,
occidentales et orientales, latines et grecques. Des régimes politiques
aussi différents que le fascisme et le communisme s'y sont succédé
au cours du XX éme siècle. Au-delà des oppositions radicales sur
le plan de la nature de ces régimes et des alliances politiques
et géostratégiques, les éléments de continuité dans l'ecclésiologie
orthodoxe montrent des aspects déterminants de la société roumaine,
tant en ce qui concerne la scène politique et le rôle du clergé,
que sur le plan des mentalités contemporaines. Lorsqu'on envisage
les relations entre le pouvoir et la religion, il s'agit d'étudier
ce que l'Eglise orthodoxe roumaine appelle l'Eglise « visible »
(Biserica nevåzutå) 2, à la différence des aspects ecclésiologiques
relatifs au mystère divin (taina). Ceux-ci relèvent de l'Eglise
« non visible» (Biserica nevåzutå). Soulignons aussi les deux
aspects liminaires suivants. La conception ecclésiale et politique
développée par les théologiens et les penseurs orthodoxes ne peut
être envisagée comme un phénomène qui serait uniquement l'apanage
d'une élite intellectuelle, sans assise « populaire » et sociologique,
conditionnée par des décennies de dictature. Une ecclésiologie
dite « traditionnelle » et une « Eglise orthodoxe » ne peuvent
être envisagées d'une manière « anhistorique ». La profonde mutation
qui s'opéra dans les sociétés balkaniques au siècle dernier au
cours de la fondation des Etats modernes, fut prépondérante quant
à l'émergence de nouvelles conceptions ecclésiales et politiques
au sein du monde orthodoxe contemporain.
Au lendemain de l'instauration de la république populaire en 1948,
l'Eglise orthodoxe roumaine se trouva confrontée au problème de
savoir s'il fallait s'opposer au régime ou collaborer avec le
nouvel Etat. Selon les dignitaires de l'Eglise orthodoxe, ce fut
la solution « intermédiaire » qui fut choisie : l'Apostolat social.
La nouvelle doctrine du patriarche Justinian Marina, installé
sur le trône patriarcal en 1948, était basée sur une adaptation
contemporaine de la tradition orthodoxe. Il s'agissait de concilier
deux notions directrices et complémentaires, la « Tradition »
orthodoxe et le « Renouveau » communiste, selon la formule devenue
célèbre dans les instituts théologiques et les publications de
l'Eglise orthodoxe, «Tradiøia µi Innoire » ou «Fidelitate µi Innoire
» 3.
Après la chute du régime communiste, un des théologiens orthodoxes
roumains les plus réputés aujourd'hui, I. Bria, a décrit le rôle
de l'Eglise orthodoxe roumaine sous la dictature communiste dans
les termes suivants : « C'était une symphonie déséquilibrée depuis
le début ! La domination du César a été déguisée du voile du roumanisme,
ce que l'Eglise a accepté sans le discernement approprié » 4.
Cette citation est intéressante à plus d'un titre. L'auteur invoque
deux aspects : ladite « symphonie byzantine », notion traditionnelle,
qui mit l'Eglise sous la domination du César, le Conducator Ceauµescu ;
une instrumentalisation de l'Eglise orthodoxe par le biais du
nationalisme roumain, le roumanisme.
La notion de « tradition byzantine » à l'époque contemporaine
est complexe. Nombreux sont d'ailleurs les historiens qui y font
référence afin de montrer combien l'Eglise orthodoxe est encline
à se laisser utiliser et à se soumettre à l'Etat. Cependant, dans
le chef de l'Eglise orthodoxe, roumaine en l'occurrence, il s'agit
plus d'une mythification ou d'une mythographie des rapports entre
l'Eglise et l'Etat, voire même aussi entre l'Eglise et la nation,
que de la traduction d'une réalité historique. C'est une vision
idéalisée dans l'ecclésiologie orthodoxe contemporaine des rapports
multiséculaires entre le temporel et le spirituel 5. Cette « tradition »
impliquerait pour les Eglises orthodoxes un équilibre entre les
deux institutions, spirituelle et temporelle, l'Eglise et l'Etat
byzantins, depuis la période constantinienne au IVe siècle jusqu'à
l'époque moderne, voire même de nos jours. L'alliance traditionnelle
entre les deux institutions a cependant permis à l'Etat de soumettre
l'Eglise, phénomène qui s'est nettement accentué jusqu'aux époques
récentes, comme à l'époque ottomane et contemporaine. Au XIXe
siècle, lorsque les Eglises orthodoxes ont pris fait et cause
pour les luttes nationales d'émancipation par rapport aux empires
multinationaux, russe, austro-hongrois et ottoman, lors de la
fondation des Etats chrétiens, elles se sont laissé volontiers
utiliser par les pouvoirs politiques.
D'un point de vue ecclésiologique, à l'époque contemporaine, ce
que l'Eglise orthodoxe appelle la « symphonie » byzantine doit
se comprendre dans le cadre du principe d'autonomie, un des trois
grands piliers de l'ecclésiologie orthodoxe contemporaine. Ces
trois piliers sont l'autonomie, l'autocéphalie et la synodalité.
Ils sont communs parmi toutes les Eglises orthodoxes balkaniques,
mais varient dans leur contenu et leur interprétation. Les conceptions
développées par les Eglises relatives aux notions d'« Etat » et
de « nation » varient en fonction des époques et des régions.
Elles diffèrent parfois, et s'opposent même dans certains cas,
en fonction de l'évolution politique et historique, voire culturelle,
linguistique et idéologique dans chacun des Etats balkaniques
modernes.
L'autonomie est un principe qui se base sur une ambiguïté récurrente
entre l'indépendance de l'Eglise vis-à-vis de l'Etat et sa soumission
à l'Etat. Elle implique l'impossibilité de toute séparation réelle
entre l'Eglise et l'Etat. C'est ce que l'on pourrait appeler une
forme de paradoxe. L'Eglise orthodoxe veut s'inscrire dans la
tradition byzantine, ce qu'elle appelle la « symphonie » ou l'« harmonie »
entre l'Eglise et l'Etat. Elle envisage le pouvoir temporel comme
la représentation de Dieu sur terre, ou plus précisément comme
« voulu » par Dieu, comme le montre l'épître de Paul aux Romains
(XIII, 1-7) : « Que toute homme se soumette aux autorités, car
il n'y a d'autorité que de Dieu... » 6. L'Eglise affirme que s'il
y a soumission, les deux institutions, spirituelle et temporelle,
sont cependant distinctes et complémentaires. Ce principe provient,
dans son interprétation orthodoxe, du «Donnez à César ce qui appartient
à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu ». Les deux pouvoirs
qui ne sont ni séparés, ni en fusion, doivent par conséquent se
compléter et collaborer.
Ce principe constitue la base de l'argumentation du patriotisme
développé dans l'Apostolat social. Pilde µi îndemnuri pentru cler
(Exemples et enseignements pour le clergé) par le patriarche Justinian
Marina. L'Eglise orthodoxe devait devenir une Eglise « servante »,
au service de la nouvelle société des travailleurs en 1948. Les
fidèles devaient se soumettre aux lois du nouveau régime 7.
Une contestation du pouvoir temporel de la part du spirituel et
une suprématie de l'un sur l'autre ne peuvent donc se concevoir
du point de vue théologique. Cette ambiguïté autour du principe
d'autonomie permet finalement à l'Etat de dominer l'Eglise sans
que celle-ci puisse se constituer en une force sociale indépendante.
Par cette « doctrine » canonique des relations entre les deux
institutions, l'Eglise structure sa soumission inconditionnelle
à l'Etat sur le plan ecclésiologique.
La soumission et l'obéissance à l'Etat deviennent ainsi un « commandement
divin » (o poruncå dumnezeiascå) 8 . Le principe d'« autonomie »
permet également à l'Eglise orthodoxe de se distinguer du « césaropapisme
» romano-catholique qui, d'après l'Eglise orthodoxe, confond les
deux pouvoirs en un pouvoir monarchique, religieux et centraliste.
Il s'agit de montrer combien le Vatican incarne la domination
de l'Eglise sur l'Etat ou constitue une institution qui se définit
par la fusion entre l'autorité spirituelle et politique, entre
le « pontife » et le « César ». Le romano-catholicisme s'inscrit
dès lors, pour l'Eglise orthodoxe, dans la tradition « impériale »
et « monarchique » romaines. Notons que l'Eglise orthodoxe dénonce
en réalité ce que l'on devrait plutôt appeler un « papocésarisme »
ou une théocratie 9. Au sein de l'Eglise orthodoxe par contre,
il n'y a pas de pouvoir qui puisse dominer l'autre : la rivalité
et la concurrence entre l'Eglise et l'Etat seraient « hétérodoxes ».
Le fidèle doit par conséquent remplir ses obligations de citoyen
et de croyant simultanément : « Opposer les devoirs religieux
et civils, ou les déclarer séparables, n'est pas une attitude
approuvée par Dieu» 10. Constatons que Bria évoque, après la chute
du communisme, une domination du César, c'est-à-dire un césaropapisme,
ce qui est révélateur de l'ambiguïté et des paradoxes du principe
« traditionnel» de l'autonomie ecclésiastique.
La notion de relations byzantines reste néanmoins invoquée par
l'Eglise orthodoxe et la remarque de Bria est révélatrice à ce
point de vue. Les orthodoxes roumains ont également invoqué des
notions telles que « relations plus ou moins constantiniennes »
ou « post-constantiniennes », pour faire référence aux rapports
qui se sont établis entre l'empereur Constantin et l'Eglise à
Byzance. Ces références sont révélatrices de la volonté des orthodoxes
de conserver la tradition historique de l'Eglise depuis la création
de l'Etat roumain contemporain au XIXe siècle, même s'il s'agit
d'une tradition idéalisée. Ces références traduisent manifestement
le malaise de l'Eglise orthodoxe par rapport à son statut dans
la Roumanie contemporaine, surtout à l'époque communiste 11, par
rapport aux persécutions vis-à-vis des responsables ecclésiastiques
qui tentèrent de s'opposer au régime communiste . Les hiérarques
essayaient par ce subterfuge de légitimer l'intrusion de l'Etat
dans les affaires de l'Eglise tout en affirmant qu'il s'agissait
d'une tradition ancienne, byzantine, orthodoxe et roumaine, inspirée
du nomocanonisme byzantin et des pravila, les codes canoniques
roumains établis par les voïvodes des principautés nord-danubiennes
12.
Invoquer les « traditions byzantines » permettait à l'Eglise de
légitimer le « sergianisme » à la roumaine sous le régime de G. Gheorghiu
Dej. En effet, à l'instar de la politique de l'Eglise orthodoxe
russe, depuis la déclaration d'allégeance au pouvoir soviétique
du métropolite Serge de 1927, Justinian Marina mit l'Eglise orthodoxe
roumaine au service de la patrie et de l'édification du socialisme.
Le patriarche proclama l'adhésion totale de l'Eglise au nouveau
régime en soulignant l'attitude patriotique de l'Eglise sur russe
« soviétique » depuis 1927 et au cours de la seconde guerre mondiale.
Bria invoque également la notion de « roumanisme », c'est-à-dire
le nationalisme roumain de l'entre-deux-guerres. Le roumanisme
fut utilisé par le pouvoir communiste, surtout sous le régime
Ceauµescu, dans le but de légitimer l'instauration du communisme
en Roumanie. Le pouvoir inscrivait de cette manière le régime
national-communiste dans la tradition historique et culturelle
roumaine 13. L'Eglise orthodoxe roumaine pouvait à son tour s'inscrire
aisément dans la perspective du roumanisme et se replacer dans
la continuité des régimes politiques d'avant l'instauration du
communisme, voire du XIXe siècle. L'Eglise orthodoxe en reprenant
les thèmes du roumanisme retrouvait son discours d'avant-1948
et confortait la légitimité de son rôle dans l'Etat et la nouvelle
société communiste.
Les relations entre le nationalisme et l'orthodoxie en Roumanie,
à l'instar des autres pays balkaniques, doivent se comprendre
dans le cadre du second grand pilier ecclésiologique, à savoir
: l'autocéphalie. Rappelons que l'autocéphalie consiste en la
souveraineté et l'indépendance de l'Eglise nationale par rapport
au patriarcat cuménique de Constantinople. Après l'union des principautés
moldave et valaque (1859) et l'indépendance de l'Etat roumain
reconnue au lendemain de la « guerre d'indépendance roumaine »
(1878), l'Eglise orthodoxe accède à l'autocéphalie, reconnue par
le patriarcat de Constantinople en 1885 14. Elle est dorénavant
nationale et indépendante du patriarcat cuménique, en toute matière,
à l'exception de ce qui relève des dogmes.
Ce principe revêt incontestablement une importance considérable
au-delà des rapports de l'Eglise nationale avec le patriarcat
de Constantinople, surtout en ce qui concerne le rôle politique
et le statut de l'Eglise orthodoxe à l'époque contemporaine. L'autocéphalie
consacre le lien étroit entre la nation et l'orthodoxie roumaines.
L'indépendance de l'Eglise est mise en corrélation, voire identifiée,
à l'indépendance de l'Etat. Alors que l'Eglise s'était progressivement
considérée comme le vecteur de l'identité ethnique et culturelle
au cours du XIXe siècle, la religion orthodoxe se trouve inextricablement
liée, voire en fusion, avec les concepts de nation et d'ethnie.
Parallèlement à l'indépendance de l'Etat par rapport à la Porte
ottomane, l'Eglise orthodoxe consacrait son indépendance vis-à-vis
du patriarche de Constantinople soumis au pouvoir turc.
Le principe d'autocéphalie recouvre donc tout ce qui relève des
liens établis entre l'identité, l'ethnicité et la confession.
Les argumentations a posteriori qui visent à montrer l'osmose
multiséculaire entre l'identité et la religion varient, surtout
dans leurs formulations, en fonction des régimes qui se sont succédés
au cours du XXe siècle. On peut néanmoins en dégager des lignes
directrices qui s'articulent autour de deux axes, un déterminisme
historique nationaliste qui lie l'Eglise et la nation, et une
argumentation basée sur une interprétation des écrits néotestamentaires,
apostoliques et patristiques, qui établirait le critère ethnique
comme un des fondements de l'orthodoxie et de l'organisation de
son Eglise.
L'argumentation « nationaliste » orthodoxe de l'autocéphalie se
résume de la manière suivante. Le peuple roumain est « né » orthodoxe,
lors de son ethnogenèse contemporaine de sa christianisation à
l'époque de la domination romaine (Trajan-Aurélien). Cette domination
permit la latinisation du peuple dace qui occupait dans l'antiquité
le territoire équivalent à la Roumanie moderne. Le destin bimillénaire
du peuple roumain est donc réciproquement lié à celui de son Eglise,
et les intérêts des deux institutions sont convergents depuis
les origines du peuple protoroumain jusqu'à nos jours. Ce destin
devait mener à l'émancipation de la nation et à la création d'un
Etat-nation unitaire 15. L'Eglise a ainsi toujours défendu les
intérêts de la nation. Parallèlement au déterminisme historique
officiel - nationaliste ou national-communiste - , qui considère
les événements de l'histoire roumaine comme la préfiguration de
la création de l'Etat moderne, l'Eglise orthodoxe contribua à
cette émancipation bimillénaire. Lors de la fondation de l'Etat
moderne, l'Eglise orthodoxe devait par conséquent devenir nationale
et indépendante.
Lorsque l'Etat moderne s'est constitué, la religion orthodoxe
y était, selon la Constitution de 1866, la religion nationale
dominante, en d'autres mots, la religion d'Etat. L'année 1918
vit la création de la Grande Roumanie par l'union de l'«Ancien
Royaume » (les principautés valaque et moldave), avec la Transylvanie,
la Bessarabie, le « Quadrilatère » et la Bucovine. A partir de
ce moment, l'Eglise orthodoxe devient celle de tous les Roumains
réunis dans un pays dont la population avait ainsi doublé. Elle
devient patriarcale en 1925 et se fait le porte-parole de la roumanité,
du « roumanisme » pendant les années trente, la garante de la
défense de l'« ethnocratie » roumaine par rapport à l'Occident
catholique, protestant et néoprotestant et à l'U.R.S.S. bolchévique
athée.
Lorsque l'Eglise orthodoxe utilise le concept de nation - et c'est
particulièrement vrai pour le régime communiste des années cinquante
qui devait faire table rase des anciennes références « ethniques
» - , elle joue sur une ambiguïté entre une acception jacobine
du terme qui recouvre tous les citoyens dans un Etat centralisé,
en tant que patrie ou peuple (popor ou naøiune), et un sens restrictif
ethnique, couramment défini par le mot « neam » (etnicitate) 16
. Lorsque l'Eglise montre que l'Eglise et l'Etat, l'orthodoxie
et la nation roumaine, ont lutté depuis deux mille ans pour leur
émancipation qui visait à créer un Etat national unitaire et souverain,
elle utilise un anachronisme en projetant pour les périodes anciennes
une notion moderne de l'Etat et de la nation. L'Eglise récupère
ainsi à ses propres fins les thèses déterministes historiques
et nationalistes qui font de la continuité daco-romaine du peuple
roumain un mythe fondateur de l'Etat moderne 17.
L'illustration la plus évidente de cette conception se retrouve
dans l'exaltation nationaliste orthodoxe des années trente et
dans l'utilisation par l'Eglise orthodoxe roumaine du dacisme
sous Ceauµescu pour montrer le parallélisme et les convergences
entre l'histoire de l'Eglise orthodoxe et celle de l'Etat 19.
L'Eglise est donc non seulement en « symphonie » avec l'Etat,
mais également en «symphonie» avec la nation 20.
Malgré l'ambiguïté des termes utilisés à propos de la « nation »,
force est de constater que la notion de « nation » doit être comprise
dans le sens de l'ethnicité. Le principe d'ethnicité est plus
clairement défini dans l'interprétation orthodoxe roumaine des
Ecritures. L'Eglise est conçue sur le principe de l'ethnicité
selon une argumentation néotestamentaire. Le précepte évangélique
« allez enseigner à toutes les nations » (învåøaøi toate neamurile)
et la traduction orthodoxe roumaine du mot latin « natio » par
le mot « neam » dans le Nouveau Testament, dans la patristique
et dans le canon apostolique 34 (Constitutions apostoliques),
qui définit la conception des circonscriptions ecclésiastiques,
déterminent la conception ethnique administrative de l'Eglise
21 .
Au XIXe siècle, le Grand Concile de Constantinople (1872) condamnait
cette forme de nationalisme orthodoxe pour le cas de la Bulgarie.
Constantinople rejeta cette « hérésie », appelée le phylétisme
(ou ethnophylétisme) 22 , qui consistait à concevoir les circonscriptions
administratives de l'Eglise orthodoxe sur la base de l'ethnicité
(ou de la « race »), et pas selon le critère local, à savoir des
circonscriptions ecclésiastiques réunissant des fidèles de langues
et d'«ethnies» (ou «nations ») différentes sur un même territoire
23. Le phylétisme apparut au sein de la nouvelle Eglise bulgare
« nationale » qui se constituait dans l'empire ottoman dans les
années 1860-1870. La naissance de l'Etat bulgare est intimement
liée à la renaissance de l'Eglise « nationale » bulgare. Sous
le régime turc, l'Eglise bulgare était dépendante du Phanar et
fut l'objet au XVIIIe siècle d'un profonde hellénisation du clergé,
suite à la suppression définitive de l'archevêché d'Ochrid en
1767. Au cours du siècle dernier, la volonté d'indépendance des
« Bulgarophones » se manifesta donc autant à l'encontre de la
domination des Grecs et des Phanariotes que de la Porte ottomane.
Les revendications bulgares pour créer une Eglise indépendante
au sein de l'empire ottoman provoquèrent un « schisme » entre
les Bulgares et le patriarcat de Constantinople. Un exarchat bulgare
fut finalement fondé en mars 1870 à Istanbul. Le sultan 'Abdül-'Azîz
(1861-1876) promulgua un firman impérial qui en consacrait la
fondation. Selon le firman impérial, l'exarchat - c'est-à-dire
l'Eglise bulgare autocéphale et « nationale », dont le chef, l'exarque
(ou l'exarche) résidait à Istanbul, devait étendre sa juridiction
sur tous les Bulgares qui vivaient à l'intérieur et à l'extérieur
de l'empire.
Les Grecs firent pression sur le sultan pour abroger le firman.
Le patriarche cuménique grec convoqua alors un concile, appelé
dans la littérature orthodoxe de type slavo-byzantin (« non-grecque »)
- et aussi catholique24 -, le « soi-disant concile », ou le synode
« local »25 des Eglises orthodoxes auquel prirent part uniquement
les Eglises dites « grecques ». Au terme du synode, en septembre
1872, les Bulgares exarchistes furent déclarés schismatiques et
excommuniés parce qu'ils fondèrent une Eglise nationale sur la
base d'une légitimation nationaliste en interprétant les Ecritures
dans une perspective ethniciste 26. Ce fut le départ d'une crise
entre l'Eglise bulgare et le patriarcat cuménique qui ne fut résolue
qu'après la seconde guerre mondiale.
Il s'agissait à cette époque, pour le patriarcat de Constantinople,
de lutter contre la multiplication des autocéphalies basées sur
le principe des « nationalités », au sens ethnique du terme, au
sein de l'empire ottoman. L'Eglise cuménique condamna le phylétisme
de manière aussi définitive et radicale en 1872 parce que la notion
de « nation » dans l'empire ottoman, avant 1872, était tout à
fait différente dans le fief de Constantinople et dans celui des
exarchistes bulgares, ce qui restera le cas au cours du XXe siècle
dans les Balkans. Sous la domination ottomane, le patriarche de
Constantinople, l'« ethnarque » (ou le "génarche"), était l'autorité
responsable du millet orthodoxe, c'est-à-dire de la « communauté »
ou de la « nation » orthodoxe de l'empire 27. Le milliet orthodoxe,
le « rûm millet », regroupait dans les Balkans les populations
des « nationalités » grecque, roumaine, serbe, albanaise, bulgare,
etc. L'« ethnarque » auprès du sultan était investi, non seulement
des pouvoirs religieux relatifs à la « communauté » orthodoxe,
mais aussi des pouvoirs civils pour cette communauté. Le millet
grec était donc conçu par Constantinople comme une « nation »
« supranationale » ; cela resta la conception défendue par le
patriarcat cuménique jusqu'à la première guerre mondiale. Il n'est
donc pas étonnant que le clergé grec constantinopolitain ait été
particulièrement hostile au phylétisme bulgare qui concevait la
nation en terme d'« ethnie », dans le sens de « race ». Pour le
patriarcat de Constantinople également, l'unité de l'Eglise orthodoxe
était la garantie de l'unité de l'empire auquel le siège cuménique
était asservi 28. Comme le souligne le métropolite Maxime de Sardes,
les « nations » étaient appelés ainsi dans le Nouveau Testament,
non pas pour déterminer à quelle nation appartenait chacune d'elles,
mais pour les distinguer des fidèles venus du judaïsme. Il n'y
a donc là aucune allusion à la race ou à l'ethnie, mais à des
fidèles sans distinction de race et indépendamment de leur origine
ethnique29. La conception locale ne pouvait donc être confondue
avec la notion moderne de « nationalité », telle qu'elle était
comprise à la fin du siècle dernier. Le message de l'apôtre Paul
s'adressait aux « gentils » (de gentes), peuplant les différents
centres épiscopaux, et non à des « races » déterminées. L'autocéphalie,
pour le patriarcat cuménique, devait donc être envisagée comme
une autonomie « provinciale ». Le synode de 1872 affirmait ainsi
que les Eglises de Grèce, de Russie, de Serbie, ou de Valachie,
etc., sont des Eglises autocéphales ou semi-indépendantes ; dans
leurs domaines, elles sont autonomes ou semi-indépendantes, ayant
certaines, des limites fixées par l'Etat civil, constituées non
pas pour des raisons de nationalités, mais pour des raisons liées
à la situation ou à la condition politique 30.
La « nouvelle » ecclésiologie slavophile et les influences bulgares
furent prépondérantes à partir des années soixante du XIXe siècle.
La formation d'ecclésiastiques roumains, en Russie notamment,
fut aussi capitale en ce qui concerne la pénétration des conceptions
ecclésiologiques modernes relatives aux rapports entre l'Eglise,
l'Etat et la nation en Roumanie 31.
Le fondement de l'ethnicité de l'Eglise réside, selon les théologiens
roumains, dans les paroles du Christ : « allez enseigner à toutes
les nations » (Mt. XXVIII, 19 ; Mc. XVI, 15-16 et Ac. XIV, 15-16).
Les nations se sont maintenues dans leurs identités ethniques
au sein de l'identité chrétienne, et l'Eglise orthodoxe est basée
dès les origines sur le principe de l'ethnicité 32. Pour appuyer
cette thèse, les auteurs se fondent sur le canon apostolique trente
quatre relatif à l'unité territoriale ecclésiastique organisée
« d'après le caractère ethnique » : « Il se doit que les évêques
de chaque peuple respectent le premier d'entre eux et respectent
sa direction, et rien d'important ne peut se faire sans son accord ;
et que chacun se réfère à l'évêché dont sa localité fait partie.
Mais que celui-là [le premier des évêques] ne fasse rien d'important
sans l'accord de tous... »33 . Pour exprimer le caractère ethnique
de l'Eglise et de son organisation territoriale, les canonistes
et théologiens utilisent effectivement le terme fiecare neam avec
le sens de « peuple » dont la définition ethnique est clairement
définie.
L'utilisation du terme neam dans la littérature orthodoxe depuis
les années trente relève de la volonté de dénommer le peuple roumain
dans son acception ethnique. Les différents termes, tels que « naøiune »,
« popor » et « norod », peuvent à ce sujet être ambigus - nous
l'avons souligné -, puisqu'ils sont utilisés, soit pour définir
l'« ethnie » roumaine, soit pour évoquer le « peuple » en tant
que patrie formée de tous les citoyens de Roumanie, en ce compris
les nationalités cohabitantes, les minorités ethniques, comme
c'était le cas sous le stalinisme des années cinquante. Le terme
neam est plus précis à ce sujet, surtout en ce qui concerne son
utilisation par l'Eglise orthodoxe.
Ce trente-quatrième canon apostolique contient donc, pour les
orthodoxes roumains, les principes fondamentaux ecclésiologiques
pour l'organisation de l'Eglise ; les principes d'ethnicité liée
à l'autocéphalie et la synodalité, le troisième grand pilier ecclésiologique.
Le principe ethnique découle du fait que les évêques sont organisés
par peuples (neamuri) 34, celui de l'autocéphalie du fait que
chaque peuple est dirigé de manière indépendante par une hiérarchie
propre 35. La synodalité implique que toutes les décisions de
principe pour l'unité de l'Eglise doivent être prises avec le
consentement de tous les évêques (învoirea tuturor), sous la présidence
du premier d'entre eux (celui dintîi). La synodalité, ou « catholicité »
orthodoxe, ne s'oppose nullement à cette ethnicité, mais doit
être comprise dans la conception de la "sobornicitate", à savoir
l'universalité de l'Eglise chrétienne garantie par l'union « synodale »
de toutes les Eglises orthodoxes surs 36.
De manière complémentaire à la conception nationale de l'Eglise,
l'universalité de l'orthodoxie, sa « catholicité », est conçue
en effet de manière synodale. Chaque Eglise nationale est une
Eglise sur qui participe à l'unité orthodoxe au sein d'un Saint-Synode
qui réunit toutes les Eglises sur un pied d'égalité 37. C'est
la notion de Biserica soborniceascå, c'est à dire d'Eglise « synodale ».
Le terme « sobornicitate » provient du mot russe qui tient son
origine du slavon « sobor », qui signifie « assemblée » ou « concile »
dans le contexte ecclésiastique. L'unité de l'orthodoxie est le
produit de la synodalité des Eglises surs nationales. Notons par
exemple que par la conjonction entre le sergianisme, c'est-à-dire
l'adhésion de l'Eglise à la démocratie populaire, et le principe
de synodalité, devait se comprendre la solidarité « interorthodoxe »
sous le communisme. Cette solidarité fut exploitée dès 1948 par
Moscou pour créer un « front » des Eglises orthodoxes des démocraties
populaires (frontul Ortodoxiei) pour lutter contre le «cordon
sanitaire» imposé par le Vatican. C'est dans cette perspective
que l'on doit replacer le concept de « panslavisme » orthodoxe,
même si cette terminologie ne peut s'appliquer stricto sensu à
l'Eglise orthodoxe roumaine en tant qu'Eglise «latine».
Cette conception ecclésiale de la synodalité, inséparable de l'autocéphalie,
différencie certainement le plus l'orthodoxie de l'Eglise catholique38.
En effet, contrairement à l'Eglise catholique romaine, selon la
conception orthodoxe, il n'y a pas de centralisme administratif.
La notion d'infaillibilité détenue par une seule personne, le
pape, est par conséquent inconcevable. C'est dans sa dimension
synodale, dans son unité, que l'Eglise orthodoxe est infaillible.
Le principe de la synodalité ainsi comprise constitue donc la
pierre d'achoppement principale pour l'cuménisme catholique romain.
Le principe de synodalité est en effet une conception ecclésiologique
relative à la « catholicité » radicalement opposée à celle de
l'Eglise vaticane en ce qui concerne l'union des Eglises chrétiennes.
L'Eglise romaine tient avant tout à sa suprématie en tant que
siège de la chrétienté catholique universelle et ne pourrait admettre
d'être considérée comme un « patriarcat » parmi les autres, nonobstant
sa primauté d'honneur.
L'autorité du grand concile de 1872 est largement contestée et
même non reconnue par les Eglise nationales dans les Balkans.
Comme l'affirme le métropolite roumain "Ploieµteanul", le concile
« local » de Constantinople n'a pas condamné le caractère « national »
de l'Eglise, mais bien le chauvinisme et le nationalisme racistes
39. C'est pourquoi le principe de l'ethnicité ne s'oppose nullement
à la catholicité, c'est-à-dire la « synodalité ». C'est le fondement
de l'universalisme « poly-national » de l'orthodoxie 40. Le canoniste
L. Stan refuse également l'interprétation selon laquelle le mot
« ethnos » ne signifierait pas la notion moderne d'ethnie dans
le sens de neam, mais viserait les « populations » non juives
de l'époque du début du christianisme. Il s'agit pour Stan d'un
« alibi contre la reconnaissance du principe ethnique comme base
de l'organisation des Eglises autocéphales»41. Les théologiens
orthodoxes considèrent que l'Eglise orthodoxe, en « symphonie »
avec l'Etat, doit recevoir une autonomie par rapport à Constantinople
afin de pouvoir se conformer à l'Etat - ce qui est admit par le
patriarcat cuménique conformément à l'autonomie ecclésiastique
«traditionnelle byzantine » -, mais sans pour autant relayer le
« chauvinisme » et les thèses « raciales» civiles qui nuiraient
à l'universalité de l'Eglise, à la «catholicité» orthodoxe. Ce
dernier point n'est pourtant pas suffisant pour affirmer que l'Eglise
orthodoxe roumaine a abondonné toute conception phylétiste, puisqu'elle
maintient dans son ecclésiologie les termes qui furent l'objet
de la condamnation constantinopolitaine : la légitimation néotestamentaire
d'une Eglise nationale basée et organisée sur le critère d'une
ethnie déterminée. Comme l'affirme N. Corneanu, le métropolite
du Banat, «l'orthodoxie est le conservatoire de la spécificité
nationale. Il y a symbiose entre cuménicité et ethnicité, comme
un reflet de l'harmonie divine entre la nature et la grâce, entre
l'uvre de la création et l'économie du salut. L'Eglise nationale
est en conséquence le lieu saint dans lequel parle le Seigneur.
Ainsi l'Eglise ancestrale [Biserica stråmoµeascå] est le lieu
de la continuation de la parole du Christ. Il y a donc symbiose
permanente entre l'Eglise et la nation, entre la vie de l'Eglise
et le destin de l'ethnie qui lui est propre » 42.
Notons aussi que l'Eglise orthodoxe intègre le principe de l'ethnicité
dans la morale. Cette morale nationaliste chrétienne fond en un
tout indissociable, l'ethnicité, l'indépendance et l'orthodoxie.
« Le lien - nous dit I. Moldovan à l'occasion du centenaire de
l'autocéphalie roumaine -, entre l'Eglise et le peuple n'est pas
seulement l'expression d'un équilibre institutionnel, conformément
à l'ainsi nommée conception symphonique byzantine, mais aussi
la découverte d'une réalité religieuse morale, d'un mode spirituel
d'être, qui concentre en soi la synthèse existentielle du spirituel
et de l'ethnicité, en vertu de laquelle la vie ethnique revêt
ainsi un sens divin » 43. « Notre Eglise est, avant tout, l'Eglise
de la Roumanie, l'Eglise de la nation roumaine, de toutes les
générations. Elle a toujours sauvegardé l'être national et la
loi des ancêtres [legea stråmoµeascå] (...) Il s'agit d'un code
non écrit, un code de comportement dans le cadre de l'organisme
social et national de la nation. La défense de la loi des ancêtres
est une devise et un argument contre ceux qui chercheraient à
transgresser les frontières ou à opprimer la nation. Cette loi
représente une synthèse entre la foi orthodoxe de l'Eglise et
l'institution traditionnelle du droit et de la justice s'intégrant
dans les valeurs éthiques suprêmes de la nation » 44.
La loi des ancêtres est donc une notion morale qui recouvre tout
ce qui concerne l'histoire de l'indépendance de la Roumanie et
des principautés roumaines. C'est le fondement de l'appartenance
à la filiation orthodoxe « bimillénaire ». Tout orthodoxe doit
s'inscrire dans la tradition de la loi des ancêtres (legea stråmoµeascå),
qualifiée aussi de loi « orthodoxe » ou « roumaine » (legea ortodoxå
ou româneascå). Il ne peut y avoir qu'une seule legea propre au
peuple roumain (neam), la loi roumaine et orthodoxe des ancêtres
qui a sauvé l'« être national » (fiinøa naøionalå) au cours de
l'histoire.
Le fait de concevoir ainsi l'Eglise en « symphonie » avec l'Etat
et la nation (ethnie), pose au niveau ecclésiologique des problèmes
d'ordre politique évidents. Le lien entre l'ethnicité et l'autocéphalie
implique l'exclusion et la discrimination. Etre de nationalité
roumaine implique le fait d'être orthodoxe. Tout citoyen qui se
prétendrait de « nationalité » roumaine sans être orthodoxe s'exclut
de la filiation historique qui est faite entre les origines daces,
romaines et chrétiennes et la nation roumaine actuelle. Si l'on
considère qu'il y a une ethnie dominante dans un Etat, en Roumanie
en l'occurrence, l'ethnie roumaine multimillénaire, et que cette
ethnie est d'une manière intrinsèque liée à l'orthodoxie, il en
découle que le « citoyen » de Roumanie de « nationalité » roumaine
ne peut être qu'orthodoxe. Inversement, être orthodoxe en Roumanie
implique le fait d'appartenir à l'ethnie roumaine. Donc l'orthodoxie
est de facto la religion d'Etat, et tout citoyen d'une autre religion,
même d'« ethnie » roumaine, ne peut être un Roumain à part entière,
puisqu'il s'exclut lui-même de la filiation ainsi établie depuis
les origines. Ainsi, le citoyen d'une autre « nationalité » et
non orthodoxe ne peut être un citoyen à part entière puisqu'il
ne descend pas du « lignage » historique roumain de l'antiquité,
« autochtone ». Il réside en tant que citoyen roumain en raison
des aléas de l'histoire, des migrations des peuples. C'est le
cas de toutes les minorités en Roumanie, hongroise, saxonne, etc.
Sur la base de l'ethnicité et grâce au mythe fondateur de la Roumanie
moderne, la thèse de la continuité daco-romaine du peuple roumain,
l'Eglise orthodoxe incarne l'Eglise du peuple roumain ethniquement,
la Biserica româneascå, non pas une parmi d'autres, mais la seule
possible pour le peuple roumain, à l'exclusion des citoyens de
nationalités non roumaines, appelés « les autres ethnies de l'espace
originaire daco-romain ».
Même si l'on affirme qu'il n'est nullement question de nationalisme,
condamné par le grand concile de Constantinople en tant que phylétisme,
il s'agit à l'évidence d'une conception intrinsèquement nationaliste
et à la base de l'exclusion, qui implique une conception ethnique
de la religion et qui ne peut admettre une autre religion pour
le peuple roumain que l'orthodoxie. A chaque peuple et nation,
voire même Etat, défini non seulement par une unité de langue
et de culture, mais aussi par le sang, doit correspondre une religion
propre ou une confession particulière à l'exclusion de toute autre.
Le terme ethnie doit bien se comprendre dans le sens d'une communauté
liée par le sang. Comme le soulignait I. Georgescu sous le régime
Ceauµescu, le peuple roumain est né de la fusion du peuple dace,
défenseur de la terre des ancêtres, et des Romains civilisateurs
du monde antique. « Le sang des Daces et des Romains est notre
levain » 45. Le peuple roumain a la conscience d'appartenir à
un peuple choisi (un neam ales) et a maintenu pendant les deux
mille ans de son histoire son « être » national (fiinøa noastrå
naøionalå) 46. Toute personne qui ne serait pas liée par le sang
et par la filiation daco-romaine orthodoxe ne peut qu'être un
« citoyen » roumain de second rang, de nationalité « étrangère »
et appartenant à une confession « historique », dans le sens de
la Constitution de 1923. Le problème de l'ethnicité implique ainsi
une différence fondamentale entre la citoyenneté et la nationalité,
différence commune à l'ensemble des pays d'Europe centrale et
orientale et qui n'existe pas en Europe occidentale, du moins
stipulée dans ces termes et de manière aussi structurée. La citoyenneté
est le fait d'être résident dans un pays, indépendamment de l'origine
dite « ethnique ». La nationalité est l'appartenance à une nation
basée sur le critère ethnique. Comme l'Etat est basé sur le principe
de l'Etat-nation, nation au sens ethnique du terme, puisqu'il
s'inscrit dans la continuité daco-romaine et que les autres « nationalités »
sont dites « cohabitantes » (naøionalitåøi conlocuitoare), il
est clair que cela induit automatiquement une discrimination entre
les citoyens de la nation ethnique majoritaire et les citoyens
des minorités ethniques et confessionnelles, indépendamment des
précautions constitutionnelles vis-à-vis de ces minorités.
La citation du penseur roumain de l'entre-deux-guerres, Nae Ionescu,
tirée de son Îndreptar ortodox (Guide orthodoxe), souvent citée
depuis 1989, est révélatrice de cette conception. Ce précepte
qui semble avoir valeur d'axiome témoigne de la conception qui
avait cours dans l'entre-deux-guerres, largement reprise par le
mouvement fasciste légionnaire de l'époque. L'utilisation actuelle
de ce précepte témoigne du ressourcement post-communiste dans
les idéologies d'avant-guerre. Comme le dit Ionescu, « Nous sommes,
par conséquent, orthodoxes, parce que nous sommes roumains et
nous sommes roumains parce que nous sommes orthodoxes. Si nous
devenions catholiques ? En devenant catholiques, nous devrions
nous transformer ainsi spirituellement pour pouvoir réaliser ce
catholicisme. Cette transformation signifie ceci : le renoncement
à notre histoire et à notre structure spirituelle. En d'autres
mots : le renoncement à la roumanité. Il n'existe pas trois solutions :
ou tu restes roumain, et alors ton catholicisme n'est pas une
réalité; ou tu deviens catholique, et alors tu n'es plus roumain »
47.
On comprend dans ce contexte la question de l'Eglise gréco-catholique
roumaine de Transylvanie, appelée également Eglise catholique
roumaine de rite byzantin, l'Eglise roumaine unie (Biserica românå
unitå) ou dénommée « uniate » de manière quelque peu péjorative
par les orthodoxes. Par son union à Rome à la charnière des XVIIe
et XVIIIe siècles (1699-1701) à Alba Iulia, l'Eglise gréco-catholique
rompt avec l'Eglise des ancêtres et rejette ainsi le lien entre
l'orthodoxie et l'ethnicité roumaines. En 1946, le « concile »
de Lvov organisé par l'Eglise orthodoxe russe à l'instigation
du pouvoir soviétique, avait décrété l'annulation de l'union de
Brest-Litovsk (1596). C'était la première condamnation de l'uniatisme
en U.R.S.S. Toutes les Eglises uniates furent dans la foulée supprimées
dans l'ensemble des pays de l'Est communiste afin de contrer le
catholicisme. Le problème uniate n'était cependant pas nouveau,
et son éradication ne fut pas uniquement le résultat de la nouvelle
politique communiste. Comme le disaient déjà les orthodoxes entre
les deux guerres lorsque la question de la « réintégration » (reîntregirea)
de l'Eglise gréco-catholique à l'orthodoxie était débattue, et
comme l'affirme en 1948 Stanciu Stoian, le ministre des cultes
sous le régime communiste, il n'y a pas deux « lois », une « loi
gréco-catholique » (legea greco-catolicå) et une « loi gréco-orientale »
(legea greco-orientalå), mais la « loi roumaine » ou « ancestrale »
(legea româneascå ou stråmoµeascå) 48. Autrement dit, les « uniates »
trahissaient le « code » moral que représente la legea stråmoµeascå,
que ce soit vis-à-vis de la nation ou par rapport à l'orthodoxie
traditionnelle. L'accusation lancée contre les gréco-catholiques
était la trahison à cette legea stråmoµeascå. On comprend donc
pourquoi, d"un point de vue ecclésiologique et politique, l'Eglise
gréco-catholique ne peut être une Eglise roumaine « o Bisericå
româneascå » 49.
En plus du fait qu'il s'agissait pour le pouvoir communiste de
se débarrasser de l'influence du Vatican en Roumanie, on comprend
que la question uniate fût à l'ordre du jour au sein de l'Eglise
orthodoxe en 1948 pour les mêmes raisons qu'entre-deux-guerres :
à l'unité de la nation doit correspondre l'unité de la foi. Lors
de l'arrivée au pouvoir des communistes qui mirent en uvre l'abrogation
du Concordat de 1927-1929 et la suppression de l'Eglise gréco-catholique
en 1948, les orthodoxes ne purent qu'appuyer ces décisions, indépendamment
de leur soumission au nouveau pouvoir. Aujourd'hui, malgré la
relégalisation de l'Eglise gréco-catholique par le pouvoir d'Iliescu
après la « révolution » de 1989, le contentieux entre les orthodoxes
et les « uniates » reprend d'autant plus de vigueur qu'il s'inscrit
dans la résurgence du nationalisme post-communiste et des conflits
interconfessionnels et interethniques.
En conséquence, cette ecclésiologie ainsi comprise, de par l'assimilation
du nationalisme contemporain, empêche finalement une séparation
entre les institutions spirituelle et temporelle, l'Eglise et
l'Etat. L'Eglise étant en « symphonie » avec l'Etat et la nation,
toute possibilité d'envisager la nationalité indépendamment de
l'orthodoxie devient inconcevable. Cette ecclésiologie se pose
ainsi en porte-à-faux avec toute laïcisation de la société, à
savoir une séparation de l'Eglise et de l'Etat et une décléricalisation
de la société.
On peut même affirmer que la conception des rapports entre les
Etats est conditionnée par cette conception ecclésiologique. En
effet, il y a un parallélisme qui est établi entre la structure
ecclésiale et la société civile, celle-ci devant être structurée
selon l'ecclésiologie orthodoxe. Par conséquent, les rivalités
entre l'Eglise catholique et les Eglises orthodoxes se traduisent
en termes politiques par des différences d'approche de conception
de société : selon les orthodoxes, la construction de la Communauté
européenne est tributaire de l'ecclésiologie catholique tout comme
les nations orthodoxes doivent être à l'image de l'ecclésiologie
orthodoxe. Toute nation orthodoxe en Europe participe à la culture
européenne, mais ne pourrait s'inscrire dans une construction
européenne qui serait conçue, comme le soulignent de nombreux
auteurs, théologiens et intellectuels, selon un centralisme administratif
annihilant les spécificités nationales et ethniques. Comme le
montre Mihail Diaconescu, intellectuel roumain contemporain proche
de l'Eglise orthodoxe, le véritable sens du « nationalisme européen »
est basé sur le patriotisme, l'ethnicité et le christianisme 50.
En d'autres termes, tout comme la société civile doit être à l'image
de la hiérarchie spirituelle et du monde divin selon la tradition
byzantine, l'Etat doit être souverain et ethnique, c'est-à-dire
en termes ecclésiologiques, à l'image de l'autocéphalie, et participe
à la culture européenne dans le concert des Nations européennes
de manière « synodale ».
On peut affirmer que l'Eglise orthodoxe a assimilé le nationalisme
pour en faire un « système » ecclésiologique original, et ce depuis
le XIXe siècle lors de la lutte nationale des pays orthodoxes,
contre la Porte ottomane en particulier. Le nationalisme contemporain
de l'orthodoxie se retrouve ainsi structuré et inextricablement
lié à la conception ecclésiale de l'Eglise. L'ecclésiologie définit
les termes d'une équation Etat-nation-confession qui détermine
la configuration de l'Etat national unitaire et ethnique, et qui
ne peut concevoir un Etat multinational ou fédéral. Il en résulte
que cette ecclésiologie ne peut être comprise indépendamment du
contexte politique et de la nature de l'Etat, puisqu'elle lui
est soumise, et que cette conception ecclésiale n'est pas sans
conséquence sur le rôle de l'Eglise au sein de ce même Etat. On
peut donc, à notre sens, utiliser la notion d'« idéologie » de
l'Eglise orthodoxe dans la mesure où, même si l'Eglise n'a pas
de préférence pour une idéologie de l'Etat en particulier, c'est-à-dire
un régime politique particulier pour lequel elle prendrait position,
elle définit une conception et une forme de l'Etat par une « doctrine »
des rapports entre l'Eglise et la politique, l'Eglise et l'Etat,
l'Eglise et la nation, l'ethnie, le peuple, l'indépendance et
la souveraineté nationale, l'unité étatique, les relations internationales,
etc. A titre d'exemple, les principes d'autocéphalie et d'ethnicité
conditionnent les frontières politiques de l'Etat, et celui de
la synodalité définit, notamment, la conception orthodoxe de l'intégration
européenne. C'est pour ces différentes raisons que l'on peut également
envisager à juste titre la notion de « géopolitique » de l'orthodoxie
51.
Aujourd'hui, depuis 1989, on comprend comment la réhabilitation
des thèses de l'entre-deux-guerres par certains partis politiques
et certaines franges de l'Eglise orthodoxe se fait d'autant plus
aisément que le nationalisme de l'entre-deux-guerres fut exploité
et entretenu par le régime de Ceauµescu. Dans le cadre du révisionnisme
actuel concernant la montée du fascisme durant les années trente
et le régime d'Antonescu, le retour aux thèses d'avant-guerre
se trouve facilité, voire encouragé 52. On pensera par exemple
à la remise à l'honneur actuelle par l'Eglise de la revue Gândirea
proche de l'idéologie légionnaire, idéologie « fasciste » basée
sur une approche mystique et messianique, ultranationaliste et
orthodoxe de l'Etat. La comparaison entre les ouvrages et la presse
orthodoxe d'avant 1989 et d'après 1989, et la réédition des auteurs
des années trente ou contemporains du régime fasciste, comme le
Teologia luptåtoare (La théologie combattante) du métropolite
Ireneu Mihålcescu, sont à ce propos révélatrices. Comme l'affirme
la rédaction de la nouvelle édition de l'ouvrage de Mihålcescu,
« il s'agit de lutter maintenant contre toutes les tendances religieuses
et philosophiques, parce que la société chrétienne est attaquée
par toutes sortes de sectes, mouvements et courants néoprotestants,
païens, occultes, boudhistes et sataniques, qui ont pour but l'annihilation
et la destruction de la grande tradition orthodoxe et de notre
ethnicité millénaire » 53.
Ces aspects montrent toutefois que les différences de conception
entre catholiques et orthodoxes sont bien plus des différences
de conception du rapport entre le religieux et la société, l'Etat
et la nation que des différences dogmatiques et doctrinales. En
outre, cette ecclésiologie contemporaine montre l'impact déterminant
de l'idéologie, nationaliste en l'occurence, sur le phénomène
religieux : la croyance se trouve reléguée au second plan et dépendante
de la politique. Par sa soumission à l'Etat, l'Eglise orthodoxe,
et le phénomène religieux, de façon plus générale deviennent des
instruments de l'Etat. Les contentieux multiséculaires interconfessionnels,
et ce qui est conçu comme leurs corollaires, les rivalités ethniques,
offrent le flanc à toutes les récupérations et instrumentations
idéologiques et politiques. Les relations entre religion et ethnicité
révèlent ainsi des contentieux politiques plus profonds et, comme
l'affirme G. Goriely, les mouvements nationalistes n'y trouvent
pas leurs origines, mais peuvent trouver dans les diverses sensibilités
religieuses une source essentielle d'inspiration54. Les dissensions
religieuses et « ethniques » dans les zones où se côtoyent des
populations catholiques et protestantes et le monde orthodoxe,
relèvent de contentieux dont les dimensions religieuses ne se
comprennent que parce qu'elles sont indissociables des enjeux
politiques et des litiges frontaliers.
Malgré les meurtissures dont souffre l'Eglise orthodoxe en raison
de son attitude sous le communisme, elle reste l'institution qui
prétend garantir la survivance de la tradition spirituelle et
identitaire, ce que les Roumains ont l'habitude d'appeler par
l'expression, l'« âme roumaine » (sufletul românesc). Elle constitue
toujours un rempart vis-à-vis des menaces « étrangères » qui mettraient
en péril l'indépendance et l'intégrité de l'Etat gagnées au prix
des luttes contre l'empire ottoman et austro-hongrois au siècle
dernier, contre les impérialismes et les « irrédentismes » du
XXe siècle et tout ce qui peut être perçu comme tel aujourd'hui.
Si les Eglises orthodoxes n'ont pas l'apanage du nationalisme
en Europe, le phylétisme est donc une particularité de l'orthodoxie
contemporaine à ce point de vue et constitue ainsi une des originalités
fondamentales du monde orthodoxe au XXe siècle. Le fait de lier
l'identité « nationale » ou ethnique avec la confession est une
particularité des sociétés d'Europe centrale et orientale qui
n'ont pas connu de véritable laïcisation de la société, quelles
que soient les Eglises majoritaires dans ces pays, qu'elles soient
d'obédience catholique, protestante ou orthodoxe. La spécificité
du monde orthodoxe réside cependant dans le fait que les Eglises
orthodoxes ont assimilé le nationalisme dans l'ecclésiologie,
c'est-à-dire dans la conception des rapports entre l'Eglise, l'Etat
et la nation en fonction de l'exégèse des Saintes Ecritures. Si
en Pologne ou en Croatie l'identité nationale est considérée comme
inséparable du catholicisme , l'ethnicité n'est pas un élément
constitutif de l'ecclésiologie, tel que l'on peut le constater
dans les pays orthodoxes où la confession a été à ce point mêlée
au « fait national ».
Sous le communisme, même si l'Eglise orthodoxe se défend de tout
nationalisme, ayant notamment proscrit de son discours le mot
« race » utilisé entre les deux guerres, le phylétisme reste présent
dans l'interprétation des Ecritures et, par conséquent, dans l'ecclésiologie
contemporaine. Depuis la chute du communisme en 1989, le renouveau
du nationalisme au sein de l'Eglise orthodoxe se comprend d'autant
mieux que les théologiens, dignitaires ecclésiastiques et membres
du Saint-Synode s'inspirent, de manière plus claire que sous le
communisme, des auteurs de l'entre-deux-guerres et perpétuent
les archaïsmes, voire les anachronismes hérités du XIXe siècle.
Les équations qui s'étaient formées entre orthodoxie, « identité »,
et appartenance à un patriarcat jusqu'au début du XIX siècle 56.,
se muèrent en équations Etat-nation-confession. Cette évolution
fut déterminante quant aux statuts de la religion et de la « nation »
dans les nouveaux Etats modernes créés sur les décombres de l'empire
ottoman. Si les nouveaux « Etats-nations » devaient se comprendre
dans le sens jacobin du terme, en tant qu'Etat centralisé moderne,
sous l'influence des idées de la Révolution française, le terme
« nation » ne pouvait se comprendre que dans le sens ethnique,
avec toutes les connotations idéologiques et symboliques du terme.
Cette situation paradoxale, entre un Etat centralisé considérant
la nation comme un ensemble de « citoyens » et une nation ethnique
dominante qui fonde la légitimité de l'Etat, est à l'origine des
ambiguïtés des fondements démocratiques de l'Etat qui perdureront
jusqu'à nos jours et qui, aujourd'hui encore, empêchent ces Etats
constitués de « nations » d'accéder à des Etats de citoyens. Enfin,
c'est la conception même de la nation au sein de l'Eglise orthodoxe
roumaine, ainsi que parmi ses Eglises surs, qui constitue une
des composantes majeures de ce qu'on appelle à nouveau l'« orthodoxisme »
(ortodoxismul) 57 contemporain post-communiste et qui s'avère
être un des élements freins déterminants quant au processus de
démocratisation en cours aujourd'hui en Roumanie.
Bibliographie
1 - Nous ne reprenons dans cette étude qu'une bibliographie sommaire;
on renverra le lecteur à nos études sur l'Eglise orthodoxe en
Roumanie pour les références plus complètes, comme Religion et
nationalisme. L'idéologie de l'Eglise orthodoxe roumaine sous
le régime communiste, Bruxelles, Editions de l'Université de Bruxelles,
coll. « spiritualités et pensées libres », 1997 et « Orthodoxie,
nation et ethnicité en Roumanie au XXe siècle. Un problème ecclésiologique
et politique », dans M. Craciun et O. Ghitta (éd.), Ethnicity
and Religion in Central and Eastern Europe, Cluj, Cluj University
Press, 1995, pp. 345-361.
2 - L. Stan, « Relaøiile dintre Bisericå µi Stat. Studiu istorico-juridic »,
dans Ortodoxia, IV, 1952, 3-4, p. 355.
3 - On consutera à ce sujet les 10 volumes Apostolat social du
patriarche Justinian Marina qui constituent la nouvelle « doctrine »
de l'Eglise orthodoxe roumaine à partir de 1948.
4 - I. Bria, « Teologia faøå în faøå cu Biserica de azi », dans
Studii Teologice (ser. II-lea), XLVIII, 1990, 1, p. 3.
5 - G. Dagron, Empereur et prêtre. Etude sur le « césaropapisme »
byzantin, Paris, Ed. Gallimard, Bibliothèque des Histoires, 1996 ;
H. Ahrweiler, L'idéologie politique de l'Empire byzantin, Paris,
PUF, coll. « L'Historien », 1975, pp. 129-147 ; A. Pertusi, Il
pensiero politico bizantino (Il mondo medievale, studi di storia
e storiografia, sezione di storia bizantina e slava, dir. A. Carile),
Bologne, 1990. Pour l'époque contemporaine, voir S. S. Harakas,
« Church and State in Orthodox Thought », dans The Greek Orthodox
Theological Review, 27, 1982, 1, pp. 2-21.
6 - Pour les années trente, voir : R. Cândea, « Biserica ortodoxå
µi tradiøia naøionalå », dans Probleme actuale în Bisericå µi
Stat, Ed. Cårøilor Bisericeµti, 1935, pp. 59-78. Pour la période
communiste : P. Rezuµ, « Creµtinismul µi dragostea de patrie »,
dans Studii Teologice (ser. II-lea), IV, 1952, pp. 108-112 ; M. Chialda,
« Creµtinism µi patriotism », Ibid., V, 1953, 1-2, pp. 51-75 ;
C. A. Popa, « Principiul loialitåøii faøå de Stat la apologeøii
creµtini », Ibid., 1975, 1-2, pp. 52-63. Voir aussi pour l'après-communisme :
I. N. Floca, Drept canonic ortodox. Legislaøie µi administraøie
bisericeascå, Bucureµti, Ed. Institutului Biblic µi de Misiune
al Bisericii Ortodoxe Române (I.B.M.B.O.R.), vol 2, 1990, pp. 279-286.
7 - Voir les écrits de A. Plåmådealå, comme « Biserica Slujitoare.
În sfînta scripturå, în sfînta tradiøie µi în teologia contemporanå »,
dans Studii Teologice, XXIV, 1972, 5-8.
8 - On verra aussi plus précisément D. Radu, « Supunerea faøå
de ocîrmuire, poruncå dumnezeiascå », dans Studii Teologice (ser.
II-lea), XXXIV, 1982, 9-10, pp. 613-616 et N. V. Durå, « Datoria
de a cunoaµte µi respecta legile øårii », Ibid., 1986, 6, pp. 5-14.
9 - T. M. Popescu, « Cezaropapismul romano-catolic de ieri µi
de azi », dans Ortodoxia, III, 1951, 4, pp. 495-538 ; Id., « Ortodoxie
µi catolicism », Ibid., IV, 1952, 3-4, pp. 462-487.
10 - G. Marcu, « Hristos µi Cezarul sau Statul µi Biserica în
lumina Noului Testament », dans Mitropolia Ardealului, XXII, 1977,
7-9, p. 492.
11 - I. Bria , Autre visage de l'Orthodoxie. Eglise de Roumanie.
Son importance historique et culturelle. Ses préoccupations théologiques
et pastorales, C.O.E., Genève, 1981.
12 - Voir les études de L. Stan, « Tradiøia pravilnicå a Bisericii,
însemnåtatea µi folosul cunoaµterii legilor dupå care se conduce
Biserica », dans Studii Teologice (ser. II-lea), XII, 1960, 5-6,
pp. 339-368 et d'Antonie, « Documentaire : Eglise et Etat en Roumanie »
(Exposé du Métropolite Antonie de Transylvanie au Xe séminaire
international « Etat-Eglise en Europe », 9-14 mai 1989, Chambésy,
Suisse), dans Nouvelles de l'Eglise Orthodoxe Roumaine, XIX, 1989,
5, pp. 12-22 ; Legiurile Bisericii Ortodoxe Române sub inalt prea
sfinøitul patriarh Justinian, 1948-1953, Bucureµti, I.B.M.B.O.R.,
1953 ; L. Stan, « Statutul Bisericii Ortodoxe Romîne », dans Studii
Teologice, I, 1949, 7-8, pp. 636-661.
13 - On consultera essentiellement pour le nationalisme sous le
régime communiste les ouvrages suivants : T. Gilberg, Nationalism
and Communism in Romania. The Rise and Fall of Ceausescu's Personal
Dictatorship, San Francisco & Oxford, Westview Press, Boulder,
1990 ; K. Verdery, National Ideology. Identity and Cultural Politics
in Ceauµescu's Romania, Los Angeles, Oxford, Berkeley, University
of California Press, 1991. Pour l'orthodoxie et le nationalisme,
S. Fischer-Galati, « Autocracy, Orthodoxy, Nationality, in the
Twentieth Century : The Case of Romania », dans East European
Quarterly, XVIII, 1984, 1, pp. 25-34 et T. Gilberg, « Religion
and Nationalism in Romania », dans P. Ramet (éd.), Religion and
Nationalism in Soviet and East European Politics, Durham, Duke
University Press, 1984, pp. 170-186.
14 - Voir notamment : Biserica Ortodoxå Românå. Centenarul Autocefaliei
Bisericii Ortodoxe Române, Bucureµti, I.B.M.B.O.R., 1987. On consultera
les études de E. Chr. Suttner, « Zur ekklesiologischen Bewertung
der Autokephalie in der Rumänischen Orthodoxie », dans Ostkirchliche
Studien, 30, 1981, 3-4, pp. 255-282 ; « 50 Jahre rumänisches Patriarchat.
Seine Geschichte und die Entwicklung seines Kirchenrechts », Ibid.,
24, 1975, 2-3, pp. 136-175, 25, 1976, 2-3, pp. 105-137. Voir aussi
G. R. Ursul, « From Political Freedom to Religious - Independence :
The Romanian Orthodox Church, 1877 to 1925 », dans S. Fischer-Galati,
R. R. Florescu et G. R. Ursul (éd.), Romania between East and
West, Historical Essays in Memory of Constantin C. Giurescu (East
European Monographs), New York, Boulder, Columbia University Press,
1982, pp. 217-22
15 - Voir notamment Nicolae (Mitropolitul Ardealului), « Continuitate
µi unitate », dans Mitropolia Ardealului, XXII, 1977, 1-3, pp. 37-96 ;
G. Vasilescu, « Unitate µi continuitate pe påmînt românesc »,
dans Glasul Bisericii, XLVI, 1987, 2, pp. 5-17.
16 - N. Vornicescu, « Editorial : Le rôle de l'Eglise orthodoxe
roumaine dans la sauvegarde et l'affirmation de la culture du
peuple roumain », dans Nouvelles de l'Eglise Orthodoxe Roumaine,
XVIII, 1988, 3, pp. 3-8 ; Id., « Editorial : L'Eglise et la nation
dans la théologie roumaine », Ibid., XX, 1988, 3-4, pp. 3-11 ;
I. Ivan, « Etnosul - neamul- temei divin µi principiu fundamental
canonic al autocefaliei bisericeµti », dans Ortodoxia româneascå,
Bucureµti, I.B.M.B.O.R., 1992, pp. 100-111.
17 - Voir notre étude « L'Eglise orthodoxe roumaine et le « mythe »
de la continuité daco-romaine du peuple roumain : nationalisme
et exclusion ethnique et confessionnelle », dans A. Dierkens (éd.),
Le penseur, la violence, la religion (=Problème d'Histoire des
Religions, 7/1996), Bruxelles, Ed. de l'Université de Bruxelles,
pp. 49-62.
18 - On verra les très nombreux articles de D. Ståniloae dans
le Telegraful Român des années trente, comme les articles relatifs
aux « périls » venus de l'Occident, les sectes, le néoprotestantisme,
le judaïsme, l'athéisme, etc. : « Catolicismul : mascå µi unealtå
iridenøei maghiare », LXXX, 1932, 9-10, pp. 1-2 ; « Biserica µi
Naøionalismul », LXXXIV, 1936, 28, p. 2 ; « Pericul sectelor »,
LXXXVI, 1938, 10, p. 1 ; « Latinitate µi ortodoxie », LXXXVII,
1939, 4, p. 1, LXXXVII, 1939, 5, p. 1 ; « Latinitate µi ortodoxie
(românismul) », LXXXVII, 1939, 4, p. 1 ; 1939, 5, p. 1 ; « Creµtinism
µi Naøionalism », LXXXVIII, 1940, 40, pp. 1-2 ; LXXXIX, 1941,
34, p. 1 ; « Biserica µi unitatea poporului », LXXXIX, 1941, 11,
p. 1 ; « Spaøiul vital µi spiritul românesc », LXXXIX, 1941, 35,
p. 1. Voir aussi l'ouvrage : Ortodoxie µi românism, Sibiu, 1939
et les articles relatifs aux dangers venus de l'Est, le communisme,
la laïcisation, etc. : « Biserica împotriva comunismului », dans
Telegraful Român, LXXXIV, 1936, 42, p. 1 ; « A început lupta împotriva
bolµevismului », Ibid., LXXXIX, 1941, 27, p. 2.
19 - N. Vornicescu, Desåvîrµirea unitåøii noastre naøionale, fundament
al unitåøii Bisericii stråbune, Craiova, Ed. Mitropoliei Olteniei,
1988 ; C. Voicu, Biserica stråmoµeascå din Transilvania în lupta
pentru unitatea spiritualå µi naøionalå a poporului român, Sibiu,
Tiparul tipografiei eparhiei Sibiu, 1989.
20 - I. Bria, « Teologia faøå în faøå cu Biserica de azi », op.
cit., p. 3.
21 - L. Stan, « Obîrsia autocefaliei µi autonomiei - Teze noi »
dans Mitropolia Olteniei, XIII, 1961, 1-4, pp. 80-113 ; Id., « Autocefalia
µi autonomia în ortodoxie », Ibid., 5-6, pp. 278-316 ; D. Ståniloae,
« Universalitatea µi etnicitatea Bisericii în concepøia ortodoxå »,
dans Ortodoxia, XXIX, 1977, 2, pp. 143-152 ; A. Ploieµteanul,
« Zece teze despre catolicitate µi etnicitate », dans Studii Teologice
(ser. II-lea), XXXI, 1979, 1-4, pp. 301-315 ; N. Bålan, « Biserica
µi naøiunea », dans Ortodoxia româneascå, op. cit., pp. 35-39.
22 - Le mot phylétisme du XIXe siècle provient du mot grec phulon
(genre, espèce, race...). On peut traduire « ethnophylétisme »
en roumain par « etnofiletism », qui provient du grec « ethnophuletismos ».
On trouve également en roumain le mot « etnofilie » ; il faut
cependant insister sur le fait que la racine étymologique « -filie »
ne provient en aucun cas du mot philos, mais bien de phulon, à
l'instar du terme utilisé en biologie « phylétique » (voir en
roumain l'adjectif « filetic », voir F. Marcu et C. Maneca, Dicøionar
de neologisme, Bucureµti, Ed. Academiei Republicii Socialiste
România, 1986, p. 448). On verra principalement les ouvrages de
R. Von Mach, The Bulgarian Exarchate : Its History and the Extent
of its Authority in Turkey, London, T. Fisher Unwin, Neuchatel,
Attinger Frères, Editeurs, 1907 et de T. A. Meininger, Ignatiev
and the Establishment of the Bulgarian Exarchate 1864-1872. A
Study in Personal Diplomacy, Madison, Wisc., State Historical
Society, 1970.
23 - On verra les actes du patriarcat de Constantinople relatifs
à la querelle entre les Eglises « grecques » et les Bulgares dans
I. D. Mansi, Amplissima collectio sacrorum conciliorum, t. 45,
Synodi orientales, 1860-1884, Paris, Leipzig, Ed. H. Welter, 1911,
col. 1-546, plus particulièrement col. 423-546. Voir aussi, pour
la bibliographie, l'ouvrage de P. Kawerau, Ostkirchengeschichte,
IV. Das Christentum in südost und Osteuropa, Lovanii, E. Peeters,
Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium, vol. 456, Subsidia
Tomus 71, 1984.
24 - Voir par exemple le livre de R. Janin, Les Eglises orientales
et les rites orientaux, Paris, Letouzey & Ané, 1955, p. 228.
25 - A. Ploieµteanul, op. cit., p. 311.
26 - Précisons que le terme français « ethnie » n'apparut qu'en
1896 (G. Vacher de Lapouge, Les sélections sociales, Paris, Fontemoing) :
le mot utilisé pour la traduction du mot grec ethnos dans la littérature
de l'époque dans le contexte du phylétisme est bien le mot « race ».
C'est au XXe siècle que les termes « ethnie », « ethnicité » remplaceront
le mot « race » dans le contexte du phylétisme, sans pour autant
en changer le contenu idéologique. On connaît les difficultés
de définition de l'ethnie (D. Baggioni, Langues et nations en
Europe, Paris, Editions Payot & Rivages, Bibliothèque scientifique
Payot, 1997, pp. 58-61) ; on peut affirmer que dans ce cas précis,
le terme « ethnie » a tendance à être une expression euphémique
pour le mot « race »
.
27 - On verra principalement les ouvrages de S. Runciman, comme,
The Great Church in Captivity. A Study of the Patriachate of Constantinople
from the Eve of the Turkish Conquest to the Greek War of Independence,
Cambridge, Cambridge University Press, 1968. Voir aussi l'ouvrage
de F. van den Steen de Jehay, De la situation légale des sujets
ottomans non-musulmans, Bruxelles, Société Belge de Librairie,
Oscar Schepens & Cie, Editeurs, 1906 (pour la crise phylétiste
bulgare, voir pp. 147-172).
28 - On songera également aux projets pan-balkaniques de l'époque,
la « Grande Idée », etc. qui allaient à l'encontre du projet bulgare.
29 - Le Métropolite Maxime de Sardes, Le patriarcat cuménique
dans l'Eglise orthodoxe, Etude historique et canonique, Paris,
Ed. Beauchesne (théologie historique n°32), 1975, p. 379, voir
aussi pp. 377-387.
30 - I. N. Karmiris,« Nationalism in the Orthodox Church », dans
The Greek Orthodox Theological Review, 26, 1981, 3, p. 173.
31 - On verra pour les rapports entre les Eglises orthodoxes roumaine
et bulgare, I. Råmureanu, M. esan et T. Bodogae, Istoria bisericeascå
universalå, vol. II (1054-1982), Bucureµti, I.B.M.B.O.R., 1993,
pp. 486-487. On verra aussi le chapitre consacré à ce sujet dans
J. Mousset, La Serbie et son Eglise (1830-1904), Paris, Librairie
Droz, Institut d'Etudes Slaves de l'Université de Paris, Collection
Historique VIII, 1938, pp. 278-299.
32 - A. Ploieµteanul, op. cit., pp. 305-306.
33 - Voir aussi I. N. Floca, Canoanele Bisericii ortodoxe. Note
µi comentarii, 1991, p. 25.
34 - I. Moldovan, « Etnicitate µi autonomie bisericeascå. Consideraøii
de ordin teologic-moral cu ocazia aniversårii autocefaliei Bisericii
Ortodoxe Române », dans Centenarul autocefaliei Bisericii Ortodoxe
Române, Bucureµti, I.B.M.B.O.R., 1987, pp. 234-267.
35 - C. Pîrvu, « Autocefalia Bisericii Ortodoxe Romîne », dans
Studii Teologice (ser. II), VI, 1954, 9-10, pp. 511-529 ; I. Ionescu,
« Contextul istoric al dobîndirii autocefaliei Bisericii Ortodoxe
Române », dans Glasul Bisericii, XLIV, 1985, 5-6, pp. 314-334.
36 - V. I. Paraschiv, « Sobornicitatea (catolicitatea) Bisericii,
problemå centralå în teologia contemporanå », dans Mitropolia
Olteniei, XXII, 1970, 3-4, pp. 245-256 ; voir aussi les écrits
du patriarche Justinian, « Una, Sfintå, Soborniceascå µi Apostoleascå
Bisericå », dans Ortodoxia, VI, 1954, 2-3, I-VIII.
37 - Voir aussi l'article critique de F. Popan, « Eglise universelle
et Eglise nationale selon la théologie roumaine d'aujourd'hui »,
dans La Pensée Catholique, 64, 1959, pp. 70-79.
38 - G. Coman, « Organizarea sinodalå a Bisericii Ortodoxe în
paralelå cu cezaro-papismul catolic », dans Studii Teologice (ser.
II-lea), 1950, 1-2, pp. 40-64.
39 - A. Ploieµteanul, op. cit., p. 313.
40 - D. Ståniloae, « Universalitatea µi etnicitatea Bisericii
în concepøia ortodoxå », op. cit., p. 147. Voir aussi les termes
mono- ou polyphylétisme (Dictionnaire de Théologie catholique,
Paris, Letouzey et Ané, Editeurs, Tables générales, deuxième partie,
col. 3627).
41 - L. Stan, « Autocefalia µi autonomia în ortodoxie », op. cit.,
p. 286.
42 - N. Corneanu, Studii, note µi comentarii teologice, coll Quo
Vadis ?, Timiµoara 1990, p. 83.
43 - I. Moldovan, op. cit., p. 237.
44 - N. Vornicescu, « Editorial : L'Eglise et la nation dans la
théologie roumaine », op. cit., p. 4.
45 - I. Georgescu, « Fiinøa noastrå naøionalå », dans Glasul Bisericii,
XLVI, 1987, 4, pp. 5-6.
46 - Ibid.
47 - N. Ionescu, Îndreptar ortodox, textes choisis de D. C. Amzar,
Wiesbaden, fraøia ortodoxå, coll. « Lucråtorul creµtin »,1957,
p. 83.
48 - S. Stoian, « Atitudinea regimului de democraøie popularå
faøå de cultele religioase », dans Cultele religioase în Republica
Popularå Românå, Bucureµti, Ed. Ministerului cultelor, 1949, pp.
93-94.
49 - Voir par ex. le débat concernant l'uniatisme et le point
de vue orthodoxe dans M. Påcurariu, « Vérités qui doivent être
connues », dans Nouvelles de l'Eglise Orthodoxe Roumaine, XX,
1990, 2, pp. 5-11 ; Id., Pagini din istoria Bisericii româneµti.
Consideraøii în legåturå cu uniaøia în Transilvania, Cluj-Napoca,
Ed. A.O.R. de Vad, Feleac et Cluj, 1991 ; T.V. Damµa, Biserica
greco-catolicå din România în Perspectivå istoricå, Timiµoara,
Ed. de Vest, 1994.
50 - M. Diaconescu, Istorie µi Valori. Studii, comunicåri, eseuri,
articole, Bucureµti, Ed. Ministerului de Interne, 1994, pp. 18-23
et 24-33.
51 - Voir F. Thual, Géopolitique de l'Orthodoxie, Paris, Ed. Dunod
(Institut de Relations Internationales et Stratégique), 1993.
52 - On verra la réédition de la revue Gândirea, seria nouå, depuis
1992 et les brochures antisémites et anti-occidentales d'origine
orthodoxe grecque traduites en roumain et diffusées par l'Eglise
orthodoxe roumaine par le biais du monastère de Sihåstria : M. I. Antonopoulou,
Nu vå lepadaøi de Hristos. Nu vå insemnaøi cu 666, Atena, 1987 ;
K. Karousou (Métropolite du Pirée), Noile buletine antihrist 666,
Atena, coll. « Descoperiri », 1993 ; D. K. Skartsiouni, Profetii
despre antihrist, Atena, coll. « Descoperiri », 1991. Voir aussi
la littérature néolégionnaire éditée, notamment par les Editions
Gordian de Timiµoara, comme la Gazeta de Vest, etc. : O. Guleµ,
Mort sau viu, o carte pentru tânårul român, Ed. Gordian, Timiµoara,
1994, « Dogma legionarå sau liberalismul ortodox », pp. 16-22,
« Legionarismul este calea universalå a societåøii cåtre Hristos,
2. Geneza divinå a neamului », pp. 34-41.
53 - I. Mihålcescu, Teologia luptåtoare, Ed. Episcopiei Romanului
µi Husilor, 1994, p. 220.
54 - G. Goriely, « Religion et sentiment national », dans Res
Publica, XIX, 1977, 1, pp. 79-80. A titre d'ex. G. Nedei, Imperialismul
catolic, o nouå ofensivå anti-româneascå, Bucureµti, Ed. Clio,
1993 et V. Anania, Pro Memoria. Acøiunea catolicismului în România
interbelicå, Bucureµti, I.B.M.B.O.R., 1992.
55 - On verra notamment les travaux sur la Croatie de P. Mojzes,
« The Roman Catholic Church in Croatia and Its Contribution to
Nationalist Sentiment », dans Religion, State and Society, 21,
1993, 3-4, pp. 391-393 ; S. Vrcan, « The War in former Yougoslavia
and Religion », Ibid., 22, 1994, 4, pp. 367-378 et G. Van Dartel,
« The Nations and the Churches in Yougoslavia », Ibid., 20, 1992,
3-4, pp. 275-288.
56 - On consultera également G. Castellan, « Facteur religieux
et identité nationale dans les Balkans aux XIXe-XXe siècles »,
dans Revue Historique, 108, CCLXXI, 1984, 1, pp. 135-151 ; S. Yerasimos,
« L'Eglise orthodoxe. Pépinière des Etats balkaniques », dans
D. Panzac (éd.), Les Balkans à l'époque ottomane (=Revue du Monde
Musulman et de la Méditerranée, n°66, 1992/4), Aix-en-Provence,
Ed. Edisud, pp. 145-158.
57 - Sur la notion d'orthodoxisme roumain, on verra aussi C. Rådulescu-Motru,
« Diferenøa fundamentalå între Biserica ortodoxå µi Biserica din
Apus », dans Dreptul la memorie în lectura lui Iordan Chimet,
vol. IV, Certitudini, îndoieli, confruntåri, Cluj-Napoca, Ed.
Dacia, 1993, pp. 236-258, et l'article récent de E. Marinescu
et V. Cernea, « L'espace religieux roumain », dans N. Pélissier,
A. Marrié et F. Despres (éd.), La Roumanie contemporaine. Approches
de la « transition », Paris, Ed. L'Harmattan, Coll. « Pays de
l'Est », « Aujourd'hui l'Europe », 1996, pp. 195-263.58 -
|